La théorie de l’attachement est une théorie des besoins émotionnels des bébés. Quand la figure d’attachement répond aux besoins émotionnels de l’enfant, ce dernier se sent mieux et peut se calmer. Dans la théorie de l’attachement, les caprices et le « cinéma » n’existent pas.
Dès le début de sa vie et au long de celle-ci, toutes les situations de détresse dans le monde intérieur ou extérieur de l’enfant déclencheront des comportements d’attachement. Les situations de détresse dépendent de l’environnement ou des sensations de l’enfant (par exemple, une dent qui perce).
La théorie de l’attachement est d’abord une théorie spatiale et physique. Au fur et à mesure du développement de l’enfant, il pourra se contenter d’accessibilité, de disponibilité et d’évocation de sa figure d’attachement.
C’est l’enfant qui s’attache : il cherche la sécurité, la compréhension et le contact auprès de ses figures d’attachement.
C’est la figure d’attachement qui comprend, prend soin et protège.
A partir de 9 mois, toute distance supérieure à celle que l’enfant peut supporter déclenchera des comportements de recherche de proximité.
Vers 9/ 12 mois, les enfants détestent être séparés de leurs figures d’attachement.
Les figures d’attachement sont les personnes qui élèvent l’enfant dans les 1° mois de sa vie : le plus souvent, la mère et le père, puis les substituts parentaux (comme la nounou ou les éducateurs de la crèche).
La figure d’attachement principale est celle qui s’est occupée le plus souvent et le plus durablement de l’enfant pendant les 1° mois de la vie de l’enfant. Il est important de savoir que cette hiérarchisation des figures d’attachement a une nécessité vitale et instinctive. Dans la nature, l’enfant avait intérêt à ne pas réfléchir afin de choisir vers quelles figures se tourner mais plutôt intérêt à filer le plus vite possible vers une figure d’attachement préférentielle pour assurer ses chances de survie.
Le fait que les bébés se tournent plus vers la mère que vers le père n’a rien à voir avec l’amour mais avec la construction du lien d’attachement.
Les figures d’attachement principales de construisent dans les 9 premiers mois de la vie et chacune de ses figures est irremplaçable, spécifique et non interchangeable.
Selon Nicole Guédeney, plusieurs conditions sont nécessaires pour que l’enfant construise des figures d’attachement en lesquelles il a confiance et avec lesquelles il se sente en sécurité :
Le bébé veut comprendre comment marche le monde : la curiosité et l’envie d’apprendre sont capitaux pour la survie de l’enfant. Mais le bébé est un explorateur prudent. Au delà d’une certaine distance, le bébé revient parce qu’il est trop loin de sa figure d’attachement.
Entre 9 et 12 mois, le bébé constitue le phénomène de base de sa sécurité avec chacune de ses figures d’attachement. Il les utilise comme base pour explorer et se tourne vers ses figures d’attachement pour du confort et du soutien. Les figures d’attachement sont comme des portes-avion pour le décollage de l’enfant.
L’attachement, bien loin d’interférer avec l’exploration, la stimule. – Nicole Guédeney
On peut très bien aimer un enfant et ne pas savoir répondre aux besoins d’attachement.
Le bébé attend la protection de la part de l’adulte et c’est à la figure d’attachement de protéger le bébé.
Dans la théorie de l’attachement, les figures d’attachement donnent le « caregiving ». Cela signifie qu’elles savent qu’elles doivent protéger le bébé. Les parents, principales figures d’attachement, peuvent le faire de manière prévisible et cohérente mais surtout se corriger s’ils se trompent.
Caregiving, c’est répondre aux besoins d’attachement et d’exploration par :
Le caregiving est la capacité de la figure d’attachement à :
Le bébé seul ne PEUT PAS réguler ses émotions désagréables tout seul. Quand les parents et autres figures d’attachement répondent par une attitude de caregiving à l’enfant qui exprime un besoin d’attachement, ils envoient des messages à l’enfant :
Il en résulte que l’enfant retrouve le calme car son besoin d’attachement est comblé.
Le bébé a besoin des adultes pour réguler sa tristesse, sa peur, sa colère. Cette régulation est liée à l’interaction avec ses figures d’attachement. Quand le besoin d’attachement est activé chez le bébé, celui-ci ne peut pas l’éteindre tout seul.
Quand les figures d’attachement rencontrent des problèmes, la réponse de caregiving risque de ne pas être opérationnelle :
L’insécurité de l’attachement limite les potentialités de développement optimal car l’enfant met alors en place des stratégies adaptatives, au détriment des réactions vitales optimales :
1. Quand les figures d’attachement ne répondent pas correctement aux besoins d’attachement
L’enfant s’adapte quand l’environnement répond par contact et proximité (caregiving) seulement quand l’enfant manifeste des émotions positives. Si l’enfant est rejeté quand il manifeste des émotions désagréables, il apprendra à ne plus les manifester ni même les percevoir. L’enfant apprend à exclure de sa perception les émotions qui ne sont pas autorisées par ses figures d’attachement.
2. Quand les figures d’attachement répondent de manière aléatoire (parfois bien, parfois non)
Quand l’enfant est dans l’incertitude quant aux réponses face à son besoin d’attachement, il maximise ses demandes d’attachement (demandes répétées de contact et de proximité) et exprime sa colère suite à une réponse inadéquate à ses besoins vitaux.
L’attachement a des fonctions vitales pour l’enfant :
Un enfant à l’attachement secure (dont les réponses des figures d’attachement sont cohérentes, répétitives et empathiques) développe plusieurs certitudes :
La relation d’attachement secure va servir comme fondation de l’auto-régulation et de la gestion du stress de l’enfant. La capacité à gérer son stress joue un rôle capital dans la prévention de possibles troubles du comportement.
L’enfant acquière des modèles quand il voit ses parents réagir de manière sécurisante. Cette représentation du monde peut également prévenir de possibles troubles du comportement.
L’attachement insecure n’est cependant pas prédictif d’un trouble du comportement mais constitue un facteur de risque parmi d’autres (comme son tempérament ou d’autres problèmes dans la famille).
Nicole Guédeney explique qu’on doit avoir les conditions pour élever un enfant de manière satisfaisante.
Les conditions actuelles de soutien aux familles dans nos sociétés occidentales apportent peu d’aide, peu de famille élargie, peu de soutien matériel et les conditions de travail ne sont pas toujours faciles.
Nicole Guédeney milite en faveur d’un allongement du congé parental afin de laisser aux parents le choix de s’occuper de leurs enfants plus longtemps que ce que la loi française prévoit actuellement afin de donner toutes les chances à l’enfant de développer un attachement secure avec eux.
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Pour aller plus loin, vous pouvez lire le livre d’Yvane Wiart L’attachement, un instinct oublié qui reprend et synthétise les propos de Bowlby.
source: apprendreaeduquer.fr