PLEURS ET COLERES DES ENFANTS ET DES BEBES
Aletha Solter
« Ce que le savon est au corps, les larmes le sont à l’âme », proverbe juif.
Tous les enfants éprouvent du stress, si aimants que soient leurs parents. On entend par stress tout ce qui trouble l’équilibre normal du corps : évènements qui provoquent la peur,
l’angoisse, la confusion, la frustration, la colère, la tristesse, la déception, la sensation d’être trahis… (exemples : mauvais traitements, manque de respect, autoritarisme, exigences,
répression ou rejets des émotions douloureuses, contact physique insuffisant, manque d’attention, d’empathie, d’autonomie, manque d’informations, traumatisme natal/prénatal, maladie, abandon
physique/affectif, séparations, stimulation excessive, changements importants, stress des parents, exposition à la violence, déceptions….. etc.
Une des fonctions importantes des pleurs est de soulager le stress et de remédier à ses effets
Des recherches ont indiqué que pleurer est un processus réparateur naturel qui contribue à l’équilibre physiologique. C’est un élément important du cycle stress-détente. Quand nous pleurons en
réaction à un stress émotionnel, nous utilisons de l’énergie, nous réduisons la tension psychologique, nous abaissons la tension artérielle et dans les larmes, nous évacuons des
neurotransmetteurs et des hormones du stress, rétablissant ainsi l’équilibre physiologique.
Nous ignorons à quel point les lésions causées au cerveau par un excès d’hormones de stress sont réversibles. L’excès d’ACTH (corticostimuline) est en partie éliminé par les larmes et aident à
abaisser les taux de cortisol, une production d’hormone déclenchée par le stress et qui peut endommager une partie du cerveau (l’hippocampe, qui joue un rôle important pour la mémoire et
l’apprentissage).
Alice Miller : « Ce n’est pas le trauma lui-même qui est source de maladie, mais la détresse inconsciente, refoulée et irrémédiable de n’avoir pas le droit d’extérioriser sa
souffrance. »
Accepter les pleurs de l’enfant contribue à un attachement satisfaisant entre parents et enfant.
Les pleurs sont le moyen de communiquer ses besoins de nourriture, d’amour et de protection mais les spécialistes du lien mère-enfant ont aussi reconnus sa fonction de décharge émotionnelle et le
besoin d’empathie qui l’accompagne.
Bowlby a souligné que le rejet des émotions douloureuses d’un enfant peut avoir des conséquences négatives. Il pensait que les enfants devraient pouvoir exprimer librement leur chagrin, leurs
sentiments ; il déplorait chez certains parents ou « substituts » la tendance à inciter les enfants à ne pas pleurer, qui peut conduire à un refoulement profond de sentiments
douloureux.
L’enfant a besoin que l’on soit capable d’écouter l’expression de sa colère, de son chagrin et de sa peur et d’entrer en empathie avec lui. S’il a la possibilité d’extérioriser ses sentiments
ouvertement dès la naissance, il apprendra qu’il n’a pas besoin de réprimer ses émotions pénibles et se sentira aimé de façon inconditionnelle.
L’acceptation totale des émotions douloureuses des enfants favorise donc un attachement plus sain. Les bébés qui peuvent pleurer dans les bras de leurs parents grandiront avec le sentiment d’être
compris et acceptés.
Les enfants qui peuvent pleurer ont une plus grande confiance en eux-mêmes
Les enfants qui ne rencontrent amour et approbation que lorsqu’ils sont heureux et souriants apprennent à nier et refouler une partie d’eux-mêmes pour satisfaire les adultes. Leurs émotions les
plus profondes sembleront inacceptables, y compris pour eux-mêmes. Ils ne peuvent donc grandir dans l’estime d’eux-mêmes sans une acceptation pleine et entière de leurs sentiments et de leur
expression.
Les enfants qui peuvent pleurer sont plus faciles à vivre
Les larmes et les crises de rage ne sont pas plaisantes et peuvent être même émotionnellement pénibles à supporter. Néanmoins, après une bonne crise de larmes ou de colère, les enfants sont en
principes heureux, détendus, coopératifs, sans violence et plus indépendants, ils deviennent beaucoup moins exigeants et dorment mieux la nuit. La transformation est parfois
spectaculaire !
Les enfants qui peuvent pleurer apprennent plus facilement
Tous les enfants naissent avec un énorme potentiel intellectuel. Cependant, il est ensuite partiellement bloqué chez beaucoup par la douleur, la confusion, la frustration, la peur qu’ils vivent
sans pouvoir s’en libérer. Ce blocage se produit en partie parce que les émotions douloureuses accaparent l’attention de l’enfant, affaiblissant sa faculté de concentration et d’apprentissage. De
nombreuses recherches ont indiqués que les enfants apprennent de façon plus enthousiaste et plus efficace quand leur besoin de décharge émotionnelle est reconnu et accepté.
La récupération postnatale
Les thérapeutes spécialisés considèrent les pleurs comme extrêmement bénéfiques. Ils permettent de remédier aux naissances traumatisantes. Il existe une corrélation entre les complications de
l’accouchement et la propension des enfants aux problèmes émotionnelles et comportementaux. Les pleurs après la naissance sont une libération de l’énergie et de la frustration bloquées au cours
du processus même de la naissance.
Le « Holding » (étreinte)
Le portage, l’étreinte, peut permettre à l’enfant de se sentir suffisamment en sécurité pour revivre et évacuer l’accumulation de sensations douloureuses résultant d’expériences traumatisantes
antérieures ou simplement l’accumulation de stress. L’étreinte établit un récipient où il peut évacuer ses émotions avec un périmètre de sécurité à l’intérieur duquel il ne peut blesser ni
lui-même ni autrui. Une psychiatre américaine (Martha Welch) décrit l’utilisation de l’étreinte : elle détaille les stades d’une séance –confrontation, rejet, dénouement. La période de rejet
est caractérisée par les pleurs et les colères de l’enfant qui se débat pour tenter d’échapper à l’étreinte. Elle recommande alors de garder l’enfant dans les bras. Rapidement, un dénouement
complet se produit alors : l’enfant cesse de se débattre et de pleurer, il se détend, devient tendre et affectueux et cherche souvent à rester dans les bras de son parent pour faire des
câlins.
Il est certain qu’on ne devrait jamais tenir un enfant dans le but de le punir, de prendre sur lui une revanche, de lui faire mal ou de le dominer. Si au contraire, il est tenu d’une façon
attentive et sensible, cette méthode peut produire des résultats positifs.
Tenir compte de la source des problèmes d’un enfant implique souvent une confrontation abrupte avec des émotions fortes. La réparation par les pleurs et les colères est bruyante, imprévisible et
requiert beaucoup de temps. Elle exige l’engagement, l’attention et l’amour des adultes impliqués. Beaucoup de gens redoutent ce genre d’émotions fortes et douloureuses et ignorent généralement
comment y faire face autrement que par le refoulement
Comment on réprime les pleurs des enfants
L’incompréhension du rôle des pleurs et des colères de l’enfant conduit souvent les adultes à décourager et réprimer ces mécanismes réparateurs. Bien intentionnés mais mal informés, vos propres
parents ont peut être essayés de vous empêcher de pleurer.
Comment on réprime les pleurs des enfants :
En leur demandant de cesser de pleurer
En les punissant ou menaçant de les punir
En les privant d’amour ou d’attention, en les isolant
En les distrayant par des paroles, de la musique, du mouvement, bercement, jeux
En leur mettant quelque chose dans la bouche (aliment, tétine)
En les taquinant ou en leur faisant honte
En contestant ou en minimisant leur douleur
En les complimentant parce qu’ils ne pleurent pas
En les faisant parler ou rire
Très peu d’adultes ont eu la possibilité de pleurer à leur aise quand ils étaient enfants. Vos propres réponses aux pleurs des bébés est un indice du comportement que vos parents avaient adopté
avec vous. Il faut du temps pour surmonter un conditionnement remontant à l’enfance. Il est conseillé de parler de la vôtre avec un autre adulte et évoquer les souvenirs spécifiques de vos
propres pleurs et de la manière dont ils ont été réprimés.
Les pleurs des bébés de la naissance à un an
Une des premières fonctions des pleurs est de signaler une gêne ou un besoin immédiat exigeant une intervention, tels que la faim, le besoin d’être stimulé, pris, porté ou changé de position. La
fonction secondaire des pleurs est d’évacuer le stress. Les chercheurs ont constatés que les pleurs et la réaction physiologique au stress sont tous deux déclenchés par les évènements
stressants.
Le but n’est dont pas d’empêcher les enfants de pleurer mais de limiter autant que possible les causes de stress.
Sources de stress pour les bébés
Le premier âge est une période de grande vulnérabilité. On peut distinguer 6 catégories principales de traumas et de stress du tout petit :
Trauma prénatal et de la naissance
Besoins non satisfaits
La sur-stimulation (surcharge d’informations) : Brazelton a remarqué que les périodes de pleurs des bébés ont tendance à se produire après qu’ils se sont efforcés d’entretenir un état de
vigilance et d’éveil : « cet épisode de pleurs pourrait être perçu comme une période où ils déchargent cet excès de stimulation tout en se réorganisant pour rétablir
l’homéostasie » (=retrouver l’équilibre physiologique et psychologique).
Frustration de l’apprentissage : l’intention de maîtriser une nouvelle compétence précède toujours l’aptitude à l’acquérir. Un décalage existe entre le désir du bébé de faire telle ou telle
chose et sa capacité à la réaliser. Quand un bébé pleure plus que d’ordinaire, il est possible qu’il se débarrasse des frustrations résultant d’efforts intenses pour maîtriser un certain
savoir-faire.
La douleur physique
Expériences effrayantes (mouvements brusques, stress de la séparation, humeur de l’entourage…)
Que faire quand les bébés pleurent ?
Les bébés laissés à pleurer seuls, même pour cinq minutes, sont dans le désarroi, effrayés et impuissants et ils ne pourront acquérir cette sensation de confiance fondamentale, indispensable à un
bon épanouissement. Aletha Solter recommande de prendre dans ses bras un bébé qui pleure. Mais une fois ses besoins immédiats satisfaits, le but n’est pas d’arrêter les pleurs mais de les
accepter en lui accordant un maximum d’attention. Inutile de distraire un bébé de ses cris : ils seront simplement remis à plus tard. L’objectif est d’offrir à l’enfant une sécurité
émotionnelle et de permission de ressentir ou de pleurer.
Prenez le bébé dans vos bras, asseyez vous confortablement et regarder son visage. S’il a les yeux ouverts, regardez le dans les yeux. Tenez le calmement, sans le secouer ni le bercer.
Respirez à fond et détendez vous.
Parlez au bébé (par exemple : « je t’écoute, tu es en sécurité avec moi. Je vais rester avec toi. Tu peux pleurer si tu veux…La journée a été trop pénible pour toi ? »
dîtes lui que vous comprenez comme c’est dur d’être un bébé et que vous voulez l’aider à se sentir mieux. Essayer de deviner la cause de ses pleurs.
Restez conscient de vos propres émotions. Expliquez-lui si vous en avez besoin.
S’il se cambre et fuit le contact ou s’il détourne son regard, dîtes lui : « s’il te plait regarde moi, je veux que tu te sentes en sécurité avec moi ». Caressez doucement ses bras
ou son visage pour le rassurer sur votre présence physique. Ne soyez pas surpris si cela le fait crier encore plus fort.
Restez avec le bébé et continuer à le tenir tendrement jusqu’à ce qu’il cesse de pleurer.
Les choses importantes à accorder à un bébé qui pleure sont le contact corporel, le contact visuel, l’encouragement verbal qui le rassure et une écoute sans limite.
Les parents qui parviennent à se détendre et à accepter les pleurs découvrent que leur bébé pleure plus intensément mais cesse de lui-même et se montre ensuite satisfait et détendu.
Les bébés confiés en crèche réservent parfois leurs pleurs à leurs parents, ce qui les laisse souvent perplexes. Ils ont été rassurés par les professionnelles : bébé a été heureux toute la
journée. Ils ne comprennent pas pourquoi il pleure tous les soirs à la maison. Pourtant, il est tout à fait normal que les bébés et jeunes enfants pleurent d’avantage avec leurs parents car c’est
en général avec eux qu’ils se sentent le plus en sécurité.
Origine des mécanismes de contrôle
Les diverses tentatives des parents ou « substituts » ayant pour but de faire cesser les pleurs, la plupart des bébés apprennent effectivement à les refouler par les comportements
répétés ou les actes compulsifs que Aletha Solter appelle « mécanismes de contrôle ». Il est difficile de modifier les habitudes du bébé, à moins qu’on lui permette de pleurer et que
nous acceptions ses pleurs. Alors le besoin de ses mécanismes s’atténuera, parfois très rapidement.
Les plus courant consiste à : sucer un pouce, une tétine, à réclamer souvent à téter, davantage par besoin de réconfort que par réel appétit, à s’attacher à un objet particulier, demandes
constantes d’être diverti, hyperactivité, accrochage à la mère, manie de se balancer ou se cogner la tête.
Ces méthodes visant à distraire le bébé de son besoin de pleurer ne font que repousser temporairement ses pleurs. Il est vrai que leur nature rythmique et répétitive semble le calmer par son
effet quasi hypnotique. Mais ces mécanismes de contrôle ne procurent qu’un apaisement éphémère car ils n’autorisent aucune évacuation du stress sous-jacent accumulé. On ne leur rend pas service
en les empêchant de pleurer même si la démarche semble inspirée par l’amour et la bienveillance ; A un moment ou un autre, il faudra bien que les pleurs finissent par sortir.
Aider les bébés à dormir toute la nuit
Allaiter ou bercer un bébé pour l’endormir peut favoriser les réveils nocturnes en supprimant la possibilité de décharger les tensions en pleurant à pleins poumons. Ils se réveillent très souvent
la nuit car ils ont besoin de pleurer. Les parents pensent alors que bébé a besoin de pleurer d’être à nouveau allaité ou bercé et le cercle vicieux s’installe.
On peut parfaitement aider les bébés à dormir toute la nuit sans les abandonner à leurs pleurs. Dans pratiquement tous les cas, le bébé est régulièrement endormi avec l’aide d’un moyen qui
fonctionne comme un mécanisme de contrôle (allaité ou bercé). La solution est de ne plus empêcher le bébé de pleurer avant qu’il s’endorme : pas de distraction quelle qu’elle soit. Cela ne
signifie pas le laisser seul mais le tenir dans ses bras sans l’empêcher de pleurer. Rassurez le bébé en lui disant que tout va bien et que vous comprenez son besoin de pleurer. Apportez-lui la
sécurité, l’amour et l’attention dont il a besoin pour libérer ses tensions accumulées et ses émotions pénibles.
A l’heure du coucher, Aletha Solter recommande la routine du contact physique pour tous les bébés, qu’ils se réveillent ou non la nuit. Elle comble le besoin légitime de proximité physique avant
le sommeil.
Les pleurs et les colères des enfants de un an à 8 ans
Au-delà de la première année, les enfants restent très sensibles aux blessures émotionnelles de toutes sortes. Le jeu et les contacts de plus en plus nombreux avec les autres enfants peuvent être
sources de frustrations et de contrariétés. Avant 8 ans, les enfants conçoivent difficilement le point de vue de l’autre. Très égocentriques, ils n’assimilent que graduellement les concepts de
partage et de « tour de rôle ». Par ailleurs, de nouvelles peurs apparaissent au cours de cette période.
Dans le courant de la 2ème année commence à se manifester une résistance au contrôle qui s’exerce sur eux, l’émergence de cette autonomie doit être respectée. Les enfants ont alors besoin qu’on
leur accorde une certaine mesure de contrôle de leur propre vie. Et lorsqu’on doit les forcer à faire quelque chose contre leur volonté, il est bon de leur en expliquer la raison et d’accepter
leurs protestations légitimes.
Toutes les formes de punition contribuent au stress d’un enfant, car même si elles ne sont pas violentes, elles le blessent émotionnellement et engendre de la colère et du ressentiment.
Une vie trop structurée, au rythme trop rapide, est également stressante. De plus, le bagage émotionnel d’un stress accumulé et non exprimé quand ils étaient plus jeunes pèse sur de nombreux
enfants.
Exemple pour illustrer les diverses sources de stress dans la vie d’un enfant :
Une petite fille de 4 ans passe l’après-midi à la garderie. Elle construit une tour avec des cubes et un autre enfant la renverse ; elle a faim mais elle doit attendre l’heure du
goûter ; puis elle tombe de la balançoire et s’égratigne le genoux ; par malchance, elle renverse de la peinture sur ses chaussures neuves. Finalement, sa maman est un peu en retard, ce
qui déclenche peut être le souvenir d’une séparation traumatisante de la petite enfance. Le temps que sa mère arrive, cette petite fille risque fort d’être totalement stressée.
Que faire quand les enfants pleurent ?
Il n’est pas toujours facile de savoir si les cris des enfants signalent un besoin immédiat ou une décharge émotionnelle.
Évidemment, il ne sert à rien de laisser pleurer un enfant en lui disant : « Vas-y pleure un bon coup » quand il s’est coincé sous une chaise ! Quelle que soit la
situation, la première démarche consiste toujours à faire le maximum pour éliminer la cause de la souffrance. Il est également essentiel de supprimer la cause du stress si possible. L’étape
suivante consiste à écouter l’enfant en acceptant ses pleurs. Ce n’est pas toujours nécessaire de tenir l’enfant dans les bras quand il est plus âgé mais il a toujours besoin d’une attention
éclairée. Cette présence attentive et affectueuse est indispensable quand les enfants pleurent parce qu’ils ont besoin de savoir qu’ils sont aimés, quelle que soit leur humeur. Ils doivent
pouvoir extérioriser leurs émotions, sans être rejetés, sans en être distraits et savoir que quelqu’un les comprend et les aime.
Aletha Solter recommande ce que Thomas Gordon appelle « l’écoute active » qui consiste à accorder à l’enfant la reconnaissance de ses émotions en énonçant simplement –sans analyse ni
jugement-ce que vous croyez qu’il ressent. Il n’est pas toujours nécessaire de formuler une interprétation du chagrin de l’enfant, en particulier quand on n’en connaît pas la cause avec
certitude. En fait, une mauvaise interprétation peut lui donner la sensation de ne pas être compris. Plutôt que de prendre des risques, mieux vaut lui dire simplement : « tu est tout
triste. Tu as l’air d’avoir besoin de pleurer ». Parfois, l’enfant a simplement besoin de la présence d’un témoin, silencieux et affectueux, de son expérience intérieure, peut être trop
complexe pour être formulée.
Le phénomène du « biscuit cassé »
Le besoin de pleurer s’accumule jusqu’au moment où l’urgence du soulagement est tellement forte que l’enfant ne peut plus le contenir. A ce stade, n’importe quoi peut déclencher les pleurs. C’est
pourquoi dans certains cas, leur cause n’est pas immédiatement évidente et la crise semble alors totalement injustifiée par rapport à la situation. Supposons que ce soit l’heure du goûter,
l’enfant a faim et vous lui donnez le dernier biscuit du paquet. Il se trouve qu’il est brisé et l’enfant commence à geindre. Vous lui expliquez que c’est le seul qui reste et il pique alors une
véritable colère. Un biscuit cassé n’est évidemment pas une source de grande douleur. Quand un enfant éclate de colère pour une raison aussi anodine c’est qu’il se libère d’une accumulation de
stress. Ce prétexte mineur lui permet de relâcher ses tensions.
Certains parents sont persuadés que l’enfant tente de les manipuler. Ils ne voient que deux options : « céder » ou exiger qu’il renonce à ce « comportement
inacceptable ». Quand les parents comprennent que pleurer est un besoin authentique, ce comportement n’apparaît plus comme une manipulation. La vie est beaucoup plus facile quand les parents
comprennent que, souvent, il n’y a aucun problème et qu’ils n’ont rien d’autre à faire que se rester présents au côté de leur enfant. Les parents qui « cèdent » (en allant lui acheter
un autre paquet de gâteau par exemple) l’empêchent de se soulager de son stress.
Certaines personnes pensent que les enfants cherchent une limite. Il est vrai qu’ils le font parfois. Savoir clairement ce qui est permis et ce que l’on attend d’eux les sécurise. Mais lorsqu’ils
mettent souvent les parents à l’épreuve, c’est qu’ils cherchent un prétexte pour « exploser ». Quand un enfant persiste dans un comportement dont il sait qu’il n’est pas permis ou
s’obstine à exiger quelque chose dont il sait qu’il ne peut l’obtenir, il est bon de se poser la question suivante : « cet enfant cherche-t-il une limite catégorique comme prétexte
d’une crise de larme pour évacuer un stress ? ». Si cela semble être le cas, répondre négativement, avec douceur et fermeté ou procurer une limite physique peut être approprié.
Comment gérer la souffrance physique ?
Les enfants pleurent parfois plus longtemps quand les adultes leur accordent toute leur attention parce qu’ils se sentent suffisamment sécuriser pour le faire. Les chercheurs ont constatés que
les gens surmontent plus rapidement la douleur physique en concentrant leur attention sur elle plutôt qu’en essayant de la nier ou de s’en distraire par d’autres pensées. C’est une chose que les
enfants savent d’instincts. Par ailleurs, les enfants peuvent éprouver de la colère, de la frayeur et de la confusion quand ils se font mal.
Comme le biscuit cassé, les douleurs physiques peuvent servir de prétexte à l’extériorisation d’émotions plus profondes. En fait, certains enfants voués aux accidents profitent peut être de la
douleur pour s’autoriser des larmes dont ils ont grand besoin, sachant que c’est le seul cas où elles sont acceptées. Après avoir pleuré, l’enfant peut éprouver le besoin de parler et d’expliquer
ou de retourner sur le lieu de l’accident pour mieux comprendre ce qui s’est produit.
Les larmes de la séparation
Le développement des enfants passe par des stades au cours desquels leurs réactions à la séparation évoluent. Pendant les six premiers mois, la plupart des bébés ne protestent pas quand ils sont
portés par des personnes inconnues ou confiés à elles. Entre six mois et un an, apparaissent les premiers signes d’angoisse de séparation et de peur des étrangers.
Les bébés d’un an qui bénéficie d’un attachement satisfaisant à leurs parents profitent de leur présence pour se familiariser activement avec ce qui est nouveau, retournant périodiquement vers
eux comme vers une base de repli sûre. Généralement, ils protestent vigoureusement quand ils en sont séparés. Si l’angoisse de séparation est aussi forte chez les bébés d’un an, c’est en partie
parce qu’à cet âge, ils sont incapables de concevoir le futur. Ils ne peuvent comprendre que les parents vont revenir, même si on leur explique. Tout ce qu’ils savent c’est que leurs parents ne
sont plus là.
Quel que soit leur âge, les enfants méritent de savoir à quoi s’attendre et il est important de tout leur expliquer, si jeunes soient-ils, parce qu’ils comprennent le langage longtemps avant de
parler.
Même lorsqu’ils sont confiés à un substitut qu’ils connaissent, les enfants pleurent souvent lors des séparations, pour diverses raisons. Cela peut être un manque d’attention de la part du
substitut ou simplement parce qu’il en a besoin pour évacuer une accumulation de stress sans lien avec la séparation. Peut être ne pleure-t-il pas beaucoup avec ses parents parce qu’ils le
distraient de ses larmes. Lorsqu’il en est séparé, ces distractions habituelles supprimées, il peut alors pleurer librement. Il est également possible que, chez l’enfant, la séparation présente
en évoque une autre, plus ancienne et traumatisante.
Les enfants ont besoin de temps pour tisser du lien avec une nouvelle personne et se sentir en confiance.
Les éducatrices ont, en général, une grande expérience des séparations. Elles peuvent informer les parents des divers stades de l’attachement et leur confirmer que le comportement de leur enfant
est parfaitement normal. Elles doivent cependant veiller à ne pas minimiser ou dévaloriser les sentiments des enfants et des parents. Les parents devraient être encouragés à faire confiance à
leur propre jugement et à se séparer de leur enfant au rythme qui leur semble approprié. Les parents devraient expliquer clairement leurs sentiments et leurs besoins au moment de se
séparer.
Certains parents attendent que leur enfant soit absorbé par une activité pour filer en douce afin d’éviter une crise de larme. Cette méthode peut engendrer un manque de confiance, une insécurité.
Mieux vaut qu’il sache que ses parents partent, qu’il fasse face à la séparation, même si elle est douloureuse.
Certains enfants résistent à la séparation, même lorsqu’on les confie à des personnes qui leurs sont familières parce qu’ils ressentent l’anxiété de leurs parents.
Faire face à la violence
Deux facteurs principaux engendrent une tendance à la violence :
Le fait que la personne ait elle-même été blessée. L’accumulation de traumatismes et de stress. Les angoisses, les déceptions et les frustrations de l’enfance peuvent s’accumuler et amener un
enfant à frapper ou à mordre.
Le fait de n’avoir pas eu la possibilité de se libérer des émotions provoquées par les peines et les blessures.
Les garçons comme les filles doivent avoir droit aux larmes et aux colères. Faute de quoi, ils renferment leurs frustrations, leurs ressentiments, leurs colères et leurs peurs et risquent de ne
les extérioriser que par la violence, exercée sur les autres ou sur eux-mêmes. Pleurer signifie dissiper très efficacement l’énergie agressive. Une bonne partie de la douleur émotionnelle de
l’enfance est inhérente au fait de grandir et d’apprendre. Les enfants font l’expérience de la douleur et du stress, même avec les parents et les éducateurs les plus attentionnés. Par conséquent,
il est important de permettre le fonctionnement des mécanismes réparateurs des pleurs et des colères.
Les enfants violents devraient être encouragés à pleurer et tempêter. Une étreinte ferme mais affectueuse remplit les deux impératifs : stopper la violence (retenir son bras par un
« non ») et procurer le contact et l’amour nécessaire pour sécuriser l’enfant (lui parler de ce qu’il peut ressentir ou ce qu’il s’est passé).
Certains adultes sont réticents à tenir ainsi l’enfant, considérant comme une oppression de le faire contre son gré. Mais, toujours contre son gré, ces mêmes adultes n’hésitent pas à l’expédier
dans sa chambre (pratique connue aux Etats Unis sous le nom de « time out »). Envoyer un enfant dans sa chambre ne fait qu’aggraver le problème de fond parce que l’enfant ne se sent
plus aimé, mais abandonné et incompris. Ils ont besoin d’être rassurés et de savoir qu’il existe quelque chose de plus fort et de plus puissant que leur rage (le lien parent-enfant).
Tenir un enfant en colère équivaut à lui présenter un solide récipient pour qu’il y déverse ses émotions. Cependant, on ne devrait jamais tenir un enfant pour le punir ou prendre une revanche ou
dans le but de le soumettre et de le faire obéir. Tenir les enfants dans les bras est la plus efficace des disciplines quand elle est pratiquée dans une relation adulte-enfant étroite et
affectueuse. C’est une alternative utile et efficace à la punition.
L’enfant a besoin d’être sûr que ces émotions ne lui feront pas perdre l’amour de ses parents. On ne peut pas le laisser frapper quelqu’un mais on devrait lui permettre de protester ouvertement
en pleurant ou en criant.
Les pleurs à l’heure du coucher
Pour être détendus et capable de s’endormir, les enfants ont souvent besoin de pleurer. Les larmes du soir permettent aux enfants de se libérer des tensions accumulées avant de se coucher. Elles
sont souvent suivies d’une relaxation profonde.
L’enfant qui pleure quand on le couche et cesse de pleurer dès que les parents rentrent dans la chambre est un autre problème. Les bébés éprouvent un besoin authentique de présence physique
pour s’endormir, y compris pendant la nuit. Ce besoin persiste au-delà d’un an et en le satisfaisant, on peut résoudre le problème. Aletha Solter recommande de rester avec les enfants au coucher
jusqu’à l’âge où ils ne demandent plus à être ainsi rassurés. Au fur et à mesure qu’ils grandissent, on peut les laisser plus facilement seuls avant qu’ils s’endorment, à condition qu’ils aient
eu la possibilité de parler et d’extérioriser leurs émotions à loisir.
Aider les enfants à se guérir des suites de traumatismes spécifiques
Si la possibilité de surmonter le traumatisme par les pleurs est refusée aux enfants, ils risquent d’être victimes de troubles post-traumatiques par la suite : cauchemars, réveils nocturnes,
anxiété, régression, difficulté de concentration et d’apprentissage…
En jouant, les enfants évoquent souvent de façon spontanée les évènements qui les ont traumatisés, ce qui indiquent qu’ils cherchent à en surmonter les effets. Parfois, au contraire, ils évitent
tout ce qui peut en raviver le souvenir.
Pour permettre la réparation émotionnelle (permettre le cycle stress-relaxation qui a été bloquée par l’insuffisance de la décharge émotionnelle au moment du trauma) :
Besoin d’amour et de sécurité, d’être rassurés par une relation confiante avec une personne dont ils savent qu’elle ne leur fera aucun mal et ne les abandonnera pas. Contact physique et attention
éclairée.
Besoin d’évoquer l’évènement et, dans une certaine mesure, de le revivre dans des conditions où ils se savent en sécurité.
Les enfants spontanément, parlent, rient, se livrent à un jeu thérapeutique, pleurent, tempêtent, transpirent, tremblent quand on sait leur procurer l’équilibre adéquat entre la sensation d’être
en sécurité dans le présent et le rappel de la douleur émotionnelle vécue dans le passé.
Par le jeu, les enfants peuvent maîtriser des expériences qui ont fait naître en eux la peur et la confusion et acquérir ainsi de nouvelles perspectives.
Interpréter le comportement de l’enfant
Une sensation de sécurité est indispensable pour que ces mécanismes libérateurs naturels puissent fonctionner.
Conseils pour un climat de sécurité émotionnelle :
Accordez aux enfants beaucoup de contact physique
Accordez-leur une attention éclairée
Écoutez-les avec respect quand ils parlent
Rester près d’eux quand ils pleurent ou tempêtent
Pratiquez une discipline sans autoritarisme
Informez-les correctement sur les pleurs
Exprimer honnêtement vos propres sentiments et besoins :
Il est conseillé de remplacer le « message-tu » par le « message-je ». Le « message-je » exprime vos propres sentiments sans critiquer, sans juger ni blâmer le
comportement de la personne à laquelle il s’adresse, à l’inverse du « message-tu » qui en formule une critique : « tu es sale, tu es méchant, tu es égoïste… ». Ils
permettent aux enfants de prendre conscience des sentiments d’autrui et facilite la résolution des conflits parce qu’ils leur apportent des informations sur la manière dont leur comportement
affecte l’autre. Ils ont également un exemple d’expression franche des sentiments.
Faites face à vos propres émotions profondes avec maturité :
Les pleurs et les colères d’un enfant peuvent soulever de très fortes émotions chez les adultes. Les enfants perçoivent de façon remarquable qui est ou n’est pas émotionnellement disponible et
ils réservent l’expression de leur sentiment les plus intenses aux personnes avec lesquelles ils se sentent le plus en confiance. Si vous êtes fâché, impatient, angoissé ou gêné ou si vous vous
sentez impuissant avec un enfant qui pleure, il ne vous fera sans doute pas totalement confiance.
Certains adultes éprouvent une réelle inquiétude, de la compassion, souvent même une véritable souffrance devant les larmes d’un enfant et d’autres se sentent impuissants et incompétents.
L’origine de ses sentiments remonte souvent à l’enfance des adultes. La plupart on été dissuadés de pleurer de sorte qu’ils sont encombrés d’une charge traumatique et de stress non évacués. Les
pleurs peuvent déclencher le souvenir inconscient de nos propres souffrances enfantines, de même que celui des réponses et réactions de vos parents à vos propres tentatives de décharge
émotionnelle.
Cela peut provoquer le malaise, la colère parfois et pousse les adultes soit à ignorer les pleurs des enfants soit à y répondre par les mêmes méthodes inappropriées qu’avaient employés leurs
parents. Cette réaction est compréhensible car nous imitons naturellement nos modèles, positifs ou négatifs.
Il est important d’exprimer les sentiments déclenchés en vous par les pleurs de l’enfant afin de pouvoir se rappeler ou de revivre les émotions refoulées.
Exercices de prise de conscience par rapport aux larmes (essayez de vous rappeler de cas précis)
Que faisaient vos parents quand vous pleuriez ou étiez en colère ? Étiez-vous puni, réprimandé, taquiné, ignoré, calmé ou distrait ? Que ressentez-vous alors ? Comment auriez-vous
aimé que vos parents réagissent ?
Que ressentez-vous quand un enfant pleure sans que vous parveniez à trouver la cause immédiate ?
Quand un enfant pleure, vous rappelle-t-il quelqu’un ?
Quand vous étiez enfant, avez-vous déjà vu un adulte pleurer ? qu’avez-vous alors ressenti ?
Vous est-il déjà arrivé d’avoir une bonne crise de larmes et de vous sentir mieux ensuite ? Avez-vous jamais été soutenu et écouté avec empathie pendant que vous pleuriez ?
L’enfant n’a pas besoin de parents parfaits mais de parents engagés dans une découverte réparatrice d’eux-mêmes, qui peuvent reconnaître et remédier à leurs erreurs.
Est-ce qu’on peut envoyer les enfants pleurer ailleurs ?
Aletha Solter est en désaccord avec cette mise à l’écart ou ce retrait de l’attention pendant que les enfants pleurent. Les enfants les perçoivent comme une punition. Ils ne peuvent s’empêcher de
ressentir qu’ils ont fait « quelque chose de mal », qu’ils ont été « vilains » parce qu’ils ont pleuré. Leur retirer l’amour et l’attention au moment où ils en ont le plus
besoin leur fait acquérir une mauvaise opinion d’eux-mêmes, parce qu’ils ressentent qu’une partie de leur être est rejetée, à savoir leur besoin de se libérer d’une puissante émotion.
La mise à l’écart et la privation d’amour engendre d’avantage de souffrance, qui ne fait qu’augmenter le besoin de pleurer. Reléguer un enfant dans une autre pièce peut provoquer la confusion,
l’insécurité, l’angoisse, la frustration, la colère et le ressentiment.
Cette forme de discipline ne propose pas un modèle utile de relations adultes. Voulons-nous que nos enfants demandent à leurs futurs époux, épouses ou collègues de s’enfermer dans une autre pièce
quand ils ont un problème et de n’en sortir que lorsqu’ils seront capables de bien se tenir ? Plutôt que d’habituer un enfant à rompre la communication avec autrui, mieux vaut pratiquer une
écoute attentive afin qu’il puisse acquérir cette précieuse faculté pour en user dans sa vie d’adulte.
Les enfants qu’on envoie dans leur chambre peuvent finalement apprendre à refouler leurs larmes. Rien de ce qui brime cette décharge salutaire ne leur rend service et il n’en résulte, au
contraire, qu’une susceptibilité accrue à toutes sortes de problèmes physiques et émotionnels.
Sa principale objection au rejet des pleurs concerne ses effets sur la relation parents-enfant. Il est primordial de garder la communication ouverte avec l’enfant qui grandit car cela a un impact
sur la relation que les parents entretiendront avec lui par la suite et en particulier à l’adolescence.
N’arrive-t-il pas que les enfants pleurent pour manipuler leurs parents ?
Ce malentendu risque particulièrement de se produire quand, ayant accumulé trop de stress, les enfants se saisissent d’accidents mineurs comme prétextes pour pleurer ou devenir excessivement
exigeants.
Une notion erronée veut que les enfants soient capables, à volonté, de produire des larmes qui ne seraient pas toutes « authentiques ». C’est inexact. Les enfants ne peuvent pas pleurer
de fausses larmes. Quand les larmes coulent c’est qu’une libération salutaire s’opère, même si la cause n’est pas apparente.
Nous interprétons souvent les motivations des enfants en fonction de nos propres émotions. Si vous vous sentez manipulé quand votre enfant pleure, peut être devriez-vous explorer vos souvenirs
d’enfant : si vous éprouviez alors une sensation d’impuissance, si votre comportement était contrôlé par les punitions et les récompenses, il est normal que vous détestiez et que vous
opposiez une résistance à tout ce qui vous apparaît, à tort ou à raison, comme une tentative de contrôle ou de manipulation. Le fait que vous vous sentiez « manipulé » ne signifie pas
que votre enfant ait l’intention de vous manipuler.
Comment puis-je accepter les pleurs alors que je m’occupe de plusieurs enfants en même temps ?
Nous devons comprendre que nous ne serons pas toujours en mesure de satisfaire tous les besoins de tous les enfants. Si plusieurs pleurent en même temps, vous pouvez décider qui a le plus besoin
d’attention. La règle générale est d’accorder au plus jeune autant de contact physique et d’attention que possible. Rassurez les plus âgés par votre encouragement et votre attention, par des
paroles de réconfort, par un sourire, une caresse.
Prendre soin de jeunes enfants est un travail extrêmement exigeant. Nous devons être conscients du fait que s’occuper d’enfants collectivement n’est pas naturel. Le maternage collectif des bébés
et petits enfants est très éloigné de l’environnement naturel au sein duquel notre espèce a évolué.
Aletha Solter conseille aux responsables de crèche de limiter le nombre d’enfants par auxiliaire, de changer de personnel le moins souvent possible et d’aménager des horaires de repas et de
siestes individualisés. Elle conseille d’encourager la formation de liens forts entre les enfants et le personnel et de favoriser un environnement où le stress est réduit au minimum et les pleurs
et les colères sont acceptés.
Quand les parents sont incapables de supporter les pleurs ou les refusent ou lorsque la situation familiale est particulièrement stressante, les auxiliaires peuvent apporter aux enfants un
soutien affectif précieux en tolérant leurs pleurs.
Les enfants pleurent là où ils sont en sécurité émotionnelle. Lorsqu’un enfant pleure avec vous, que vous soyez ou non un parent, considérez qu’il vous honore de sa confiance en
extériorisant ses sentiments. Cela parle en faveur de la qualité de votre attention et de vos soins.
Comment savoir si je ne crée pas de nouvelles frustrations en tenant mon enfant contre son gré ?
Si vous êtes très en colère contre votre enfant mieux vaut remettre à plus tard le maintien dans les bras pour mettre fin à son comportement et lui permettre de pleurer. Le tenir tandis que vous
êtes en colère ne lui procurera pas la sensation de sécurité dont il a besoin. Avant de prendre l’enfant dans vos bras, il est essentiel de créer un climat de sécurité émotionnelle. Recourez à
cette pratique surtout dans les situations où l’enfant est violent ou particulièrement insupportable et semble incapable de pleurer sans y être aidé.
Efforcez vous d’abord de voir s’il ne réagit pas de façon légitime à un comportement adulte blessant (exigences, discipline autoritaire, irrespect, besoins ignorés). Tenir l’enfant dans ce genre
de situation risque qu’engendre des frustrations supplémentaires.
Si vous êtes plus ou moins certain qu’une accumulation de stress est à l’origine du comportement violent ou insupportable, vous pouvez recourir à cette stratégie du maintien pour aider l’enfant à
se libérer de ses émotions douloureuses. Soyez tendre mais ferme. Prenez-le dans vos bras même s’il proteste et se débat. Persistez en le tenant fermement contre vous pendant cette phase de
résistance, donne- lui la possibilité de bouger. Rassurez l’enfant en lui disant que vous allez le tenir un certain temps pour éviter qu’il fasse mal à qui que ce soit.
Ainsi tenus, les enfants qui ont besoin de pleurer le font en général dans les une ou deux minutes qui suivent. Si l’enfant essaie encore de vous échapper, laissez le faire et observez son
comportement. S’il recommence à être violent ou insupportable, s’il demande votre attention en pleurnichant ou en s’accrochant à vous, reprenez le dans vos bras pour l’aider à se libérer des
larmes. Vous pouvez essayer de le tenir autrement si l’enfant semble ne pas apprécier la position que vous avez choisie.
La décharge émotionnelle peut alors être très intense. Si après avoir pleuré, l’enfant est détendu, heureux et affectueux, c’est que cette méthode a réussi. Si son comportement ne s’améliore pas,
c’est qu’il a sans doute besoin d’un autre type d’attention. Mais la plupart des parents remarquent une amélioration de l’humeur et du comportement après les séances où ils sont tenus.
Les problèmes émotionnels et comportementaux et les maladies liées au stress ne sont pas causés par le stress lui-même, mais par la répression des mécanismes réparateurs naturels, spécifiquement
les larmes et les colères, qui ont pour fonction en cas de stress de restaurer un équilibre physiologique et psychologique.